description de la machinerie à compression de corps humains

en cours de rédaction, texte complet disponible dimanche 11 février 2007 vers 14h

bref historique, la genèse.

C'est à l'âge de 10 ans que j'ai eu la révélation de ma première machine à compression humaine. Je m'étais échappé quelques jours plus tôt d'un orphelinat près de Neubrandenburg, et j'avais réussi à me rendre à Ueckermünde, je voulais voir la mer. Sur le Kamigsweg j'avais découvert un grenier à pommes et, poussé par la faim, je m'y étais introduit. C'est là que je me suis fait prendre par la Vopo.

Les Vopos ont commencé par me flanquer une raclée, histoire de me faire payer les pommes que j'avais volées, puis ils m'ont confisqué mes vêtements, des fois que l'idée de fuguer encore me reprenne. Quand ils ont ouvert la porte du cachot il y avait une foule de gens agglutinés dans l'entrée, ils m'ont poussé sans ménagement dans le tas, et j'ai bien crû, quand ils ont refermé la porte en m'écrasant contre cette masse humaine, que j'allais périr étouffé.

Par la suite, à l'occasion de mes diverses incarcérations, l'idée d'une machine à compresser les corps de mes geôliers m'est venue.

C'est au tout début des années 80, alors que j'étais incarcéré pour trafic de chèques falsifiés que j'ai conçu le projet de fabriquer de la fausse monnaie en toute légalité. J'avais fréquenté des musées d'art moderne à diverses occasions, pour rendez-vous discrets, ou pour pouvoir aisément déjouer des filatures éventuelles. Je me suis rendu compte alors qu'on pouvait de quelques coups de pinceaux fabriquer des objets qui avaient une grosse valeur marchande.

En 1968, on m'a fait passer quelques jours à Zurich avant de me lâcher à Paris, histoire de me familiariser avec la vie à l'ouest. Je n'avais jamais encore été confronté à un tel luxe et ma religion fut aussitôt faite : dorénavant je m'emploierai à devenir riche. Le luxe était devenu mon idéal, et je me voyais déjà propriétaire d'un VW Bus, d'un appartement avec salle de bain, couette et ascenseur, et d'une femme grassouillette et parfumée, avec bas fins et manteau de fourrure. Je m'inquiétais pour l'été : ce serait sans doute difficile de faire porter un manteau de fourrure à ma femme en été, mais j'avais trouvé une solution, l'emmener au Canada ou en Écosse à la saison chaude. J'étais alors bien naïf.

Dès mon arrivée à Paris je compris que les choses seraient sans doutes plus compliquées que ce que j'avais imaginé. Déjà Paris était beaucoup plus miteux que Zurich, mais ma plus grosse déception, je l'éprouvai dès mes premiers contacts avec les services français, ils payaient encore moins bien que leurs homologues de l'est. Au début je pensais jouer franc jeu et passer définitivement à l'ouest, mais face à la dure réalité fort peu sonnante et trébuchante, j'ai immédiatement compris qu'il valait bien mieux pour moi cumuler les revenus des uns et des autres. Et j'étais encore loin du compte, surtout que j'avais pu constater (je constatais vite alors), que le VW Bus ce n'était pas le top, le luxe c'était la Mercédés, et en plus pour une femme un appartement, même avec baignoire et ascenseur, ça ne suffisait pas, il fallait aussi plusieurs villas, et plusieurs Mercédés. C'est ainsi que j'ai décidé de chercher de l'argent du côté de la pègre. Mon erreur a été de ne pas me dégager de mes précédents employeurs, mais était-ce possible ? Aujourd'hui encore j'en doute. Quoi qu'il en soit, ces gens là se fréquentent à haut niveau, et quand mon jeu a été découvert ce fut ma perte. Je n'ai eu la vie sauve que par miracle ou protection de ma famille cypriote turque du côté de mon père, et je me suis trouvé sans autres ressources que l'assistance publique. Moi qui rêvais de devenir rapidement riche, j'étais encore bien bas. J'avais goûté à la truanderie, mais la truanderie me tenait à présent au large. J'étais tricard dans la communauté truande, et seul sans complicité aucune, voir peut-être quelques chausses-trappes, toutes mes tentatives pour m'enrichir tournaient au fiasco. Jusqu'à cette idée géniale : m'enrichir par le biais de l'art.

C'était vite dit. Quand on visite les expositions d'art contemporain on croit qu'on pourrait faire ça en 5 minutes. Je m'étais acheté tout le matériel chez Franco, mais j'avais beau faire, ça ne venait pas, tout ce que je faisais ne ressemblait à rien. En tout cas ça ne ressemblait pas à l'idée que je me faisais alors de l'art contemporain et de la peinture abstraite. Cette idée était d'ailleurs (nous sommes je le rappelle au début des années 80) très floue et je mélangeais allègrement les concepts (il m'a fallu bien des années pour en aquérir la maîtrise, soit dit en passant).

J'avais lu dans des revues glacées que l'on trouve sur les tables basses des salles d'attente des psychiatres, qu'il se pratiquait dans l'art contemporain des hapenings ou même des expositions de merde, c'est à dire des expositions où des artistes présentent des merdes humaines soit en bocaux, soit même sur des assiettes avec couverts en argent et verres de très bon cru. J'ai donc décidé de lancer mon concept de caisse à écraser les corps humains. Je suis retourné chez Franco pour essayer de revendre les fournitures pour peintre que je n'avais pas utilisées, mais ils ont refusé. J'ai proposé le matériel a différents peintres, et l'un d'eux a accepté de les prendre, on a tout monté chez lui. En attendant Aline qui devait payer, on a bu. Quand Aline est arrivée elle m'a jeté dans les escaliers, fin saoul. J'avais de nombreuses contusions, j'étais toujours sans le sou pour mener mon nouveau projet, mais je m'étais fait un ami. Aujourd'hui encore, quand j'ai envie de boire un coup avec un copain, je peux toujours appeler Bosio.

Mon projet me tenait donc à présent d'autant plus à coeur que j'avais un ami artiste plasticien. Je parvins à réunir les fonds nécessaires par des moyens triviaux, me rendis possesseur du matériel adéquat auprès des établissements Cifreo Bona et construisis ma première machinerie à compresser les corps.

Je me mis alors en quête de corps à compresser. Mes tentatives auprès des modèles de la villa Thiole et de la villa Arson furent vaines, tous refusèrent catégoriquement. J'eus plus de succès aux abords des officines de Casting. Je réunis, contre promesse de gras paiement, les corps nécessaires et procédai à ma première compression. Néophyte, j'ai peut-être un peu exagéré dans le serrage, mais il faut rappeler que c'était là ma première compression et que mon désir de bien faire était grand. J'ai alors déposé devant la compression un grand cadre moulé et doré et appelé toutes les galeries d'art de Nice. L'opération n'a pas obtenu un grand succès, seuls Simone et Ferrero m'ont dit qu'ils allaient venir, les autres m'ont raccroché au nez.
Simone est en effet apparue rapidement mais m'a tout de suite déclaré :
« Toi je ne te sens pas, et quand je ne sens pas un artiste, je ne sais pas pourquoi, mais je sais que je ne travaillerai jamais avec lui. » et elle est repartie, sans même jeter un coup d'oeil sur la compression qui commençait déjà à couler un peu.
Après j'ai attendu longtemps Ferrero, plus le temps passait, plus ça râlait dans la compression, à tel point que j'en ai eu marre et que je suis parti.
Je me suis fait serrer à l'angle de la rue Rossetti et de la rue Droite, juste là où il y a aujourd'hui l'atelier des Marmouilles. Au poste j'ai vu défiler une partie des plaignants qui avaient été sauvés par des voisins qui, entendant les cris, avaient fait appel aux pompiers. Mais j'entendais les flics leur dire : si vous portez plainte ou même si vous faites une main courante, moi je vous coffre pour connerie aggravée.
Au tribunal le procureur a demandé la récidive pour violence, extorsion de fonds et escroquerie. Mais mon avocat, pourtant payé d'office, a dit : il n'y a pas de plainte pour violence. Ça ne semble pas grand chose, mais pour un avocat payé d'office c'est quand même pas mal, même si l'office était moins dévalué à cette époque que de nos jours.
Après le président à dit que c'était la première escroquerie à l'art qu'on pouvait me reprocher. Je m'en suis bien tiré.

En cellule j'ai revu l'image de la compression. Sorti de prison je suis allé demander à Bosio mon matériel de peintre. Mais il m'a répondu que déjà, vu le savon qu'il avait pris par Aline, c'est plutôt moi qui lui devais quelque chose, et qu'il l'avait déjà utilisé, et qu'il s'était entre-temps fait cambrioler, et que de toute façon de tout ça il ne pouvait rien, qu'il se donnait beaucoup de mal pour aider les gens, mais qu'après les gens en profitaient. À la fin il m'a dit qu'il me prêtait une toile et trois tubes d'acrylique, mais qu'il faudrait que je le rembourse le plus vite possible, il n'était pas une vache à lait. Il a ajouté quelque chose en niçois et comme je ne comprenais pas, il a traduit : « Fait du bien à Bertrand, il te le rend en caguant. » Comme j'insistais pour avoir un pinceau, il m'a donné une vieille brosse toute durcie, cadeau qu'il a dit, en gage de notre amitié.

Grâce à mon premier ami plasticien, j'ai pu réaliser ma première peinture. C'est bien plus tard que j'ai rencontré Lucie.

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